Résumé

La hausse du nombre d’animaux domestiques élevés pour l’alimentation humaine provoque une  augmentation de la promiscuité entre la faune sauvage et domestique. Les déplacements et stratégies  d’utilisation de l’espace jouent un rôle important dans la fitness des individus et peuvent être perturbés  par la présence de la faune domestique. Nous avons alors testé si la présence d’animaux domestiques  modifie l’utilisation des prairies par les chevreuils (Capreolus capreolus). Nous avons utilisé des  données obtenues sur des chevreuils équipés de colliers GPS ainsi qu’un relevé de présence  d’animaux domestiques (bovins (Bos taurus), équins (Equus caballus) et ovins (Ovis aries)) sur les  prairies par semaine. Nos résultats montrent une sélection des prairies non pâturées et un évitement  des prairies pâturées toute l’année. Cet évitement est d’autant plus fort si les animaux pâturant la  prairie sont des ovins par rapport aux bovins ou équins. Cependant, l’utilisation des prairies pâturées  est la plus importante lorsque les animaux domestiques ont été retirés de la prairie depuis plus d’un  mois. Cela suggère que la présence d’animaux domestiques sur les prairies entraine une diminution  de leur utilisation par le chevreuil. La compétition et déplétion des ressources semblent être à l’origine  de l’augmentation de l’utilisation des prairies pâturées après que le bétail ait été retiré des prairies  depuis plus d’un mois. La faune domestique étudiée et le chevreuil partagent des strongles gastrointestinaux (SGI). Les mammifères herbivores sont capables d’évaluer le risque parasitaire grâce à la  présence de fèces et pourraient être à l’origine de l’évitement de ces prairies par le chevreuil.  Contrairement à ce que l’on trouve dans la littérature nous avons obtenu une faible corrélation  négative entre la probabilité à utiliser des prairies pâturées et la charge en SGI des individus. De  futures recherches doivent être menées afin de déterminer expérimentalement quels sont les facteurs  cités précédemment qui entrainent l’évitement des prairies pâturées.  
Mots clés : Comportement spatial, herbivores sauvages, interaction interspécifique, animaux  d’élevages, nématodes gastro-intestinaux  

Summary

The increasing number of domestic animals raised for human alimentation induces an increased  promiscuity between domestic and wild animals. The movement and habitat use strategy play an  important role in the fitness of individuals and can be modified by the presence of wild fauna. We  tested whether the presence of domestic animals influenced meadows use by roe deer (Capreolus  capreolus). We used spatial data obtained on roe deer equipped with GPS collars and weekly records  of domestic fauna (cows (Bos taurus), Equidae (Equus caballus) and sheep (Ovis aries)) presence on  pastures. Our results showed that meadows without domestic animals were selected whereas pastures  were avoided throughout the year. The avoidance of pasture was even more important if the species  present were sheep as opposed to cattle or Equidae. However, the use of pasture increased when  domestic animals were removed for more than a month. Such scenario suggests that the presence of  domestic fauna on pastures induced a decrease in pasture used by roe deer. Competition and resource  depletion may explain the increase of pasture use when domestic animals are removed for more than  a month. Domestic fauna and roe deer share gastrointestinal nematodes (GIN). Mammalian  herbivores are able to evaluate the risk of contamination by parasites thanks to faeces. This could  induce the avoidance of pasture by roe deer. In contrast to what is found in the literature, we obtained  a weak negative correlation between the probability of using pasture and GIN burden. Future research  should test experimentally which one of the factors cited previously induces pasture avoidance.  
Key words: Spatial behaviour, wildlife herbivores, interspecific interaction, livestock, gastrointestinal  nematodes